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Kuroshio, le courant noir, 2017, Leg Japon, Tara pacificRésidence sur le bateau de recherche Tara dans le cadre de l’expédition Tara pacific, série de photographies sous-marines montrant les paysages/habitats marins le long du kuroshio, «le courant noir», entre Tokyo et Keelung. Équipe scientifique : Sylvain Agostini, pro-fesseur assistant (Université de Tsukuba, Japon), Yohei Nakamura, professeur as-socié (Université Kochi, Japon), Hironobu Fukami, professeur associé (Université Miyazaki, Japon), Yuko Kitano, chercheur (Université Miyazaki, Japon), Shoji Yama-moto, chercheur (Université de Tokyo, Japon), Natacha Roux, doctorante (CRI-OBE, France), Jodie Rummer, professeur (Université James Cook, Australie), Maggy Nugues, professeur (CRIOBE, France), Da-vid Lecchini, professeur (CRIOBE, France) La résidence à bord de la goélette Tara a nourri le travail photographique sur les habitats naturels en le centrant sur les architectures animales que sont les coraux. Ces bio-constructeurs vivent en symbiose avec une algue, la zooxanthelle. Le corail traduit un équilibre entre le règne animal et végétal. Avec le réchauffement climatique, des épisodes de blanchi-ment du corail apparaissent causés par la rupture de la relation symbiotique entre le corail, l’animal, et la zooxanthelle, qui finit par quitter son hôte. Privé de nourriture, le corail blanchit et meurt, pour peu qu’il ne retrouve pas rapide-ment un équilibre avec ses symbiotes. Le travail photographique s’attache à révéler ces architectures animales, leur structure et leur évolution. Par là il témoigne d’une époque de transition, la nôtre, où des paramètres comme la lati-tude, le CO2, la température de l’eau et son pH deviennent des informations majeures. J’ai rejoint Tara à Tokyo le 23 mars 2017 pour débarquer cinq semaines plus tard à Keelung (Taïwan). Cette partie de l’expédition s’étendait d’une zone tempérée à une zone tropicale, remontant un courant chaud appelé  « Kuroshio », comparable au Gulf Stream. Un phénomène particulier s’opère. Les coraux, portés par le courant, se fixent d’île en île et remontent loin vers le nord, colonisant ainsi les zones tempérées jusqu’à la baie de Tokyo. Une migration accentuée par le réchauffement climatique, les coraux entrant en com-pétition avec les algues. Si, de manière générale, on considère qu’un habitat est en théorie remplacé par un autre, l’acidité probable dans un futur proche risque de compromettre la survie de ces coraux.