Nicolas Floc’h présente un ensemble de nouvelles productions spécialement conçues pour le Confort Moderne. Dans la continuité de ses recherches sur le motif, le monochrome, le camouflage et le geste, l’artiste explore, pour l’exposition, les possibilités du noir et blanc. La peinture devient le support de toutes les expérimentations : projetée, appliquée à même le mur, au sol, au plafond, filmée, dansée, simulée. Une installation, entre sujet et objet, présente des éléments caractéristiques de la vanité : une tête de mort, une mouche, des fleurs... L’ensemble est à la fois un tableau en trois dimensions, le décor d’un film en préparation (Memento Mori) et le titre de l’exposition. De la peinture de genre à l’abstraction géométrique, d’une iconographie historique à l’expressionnisme abstrait, la vanité est le point de départ d’une nébuleuse de références qui apparaissent en filigrane tout au long de l’exposition. Emprunts, déplacements et abstraction : Nicolas Floc’h s’empare de sujets existants, retenant un motif, des coloris, une matière, pour les réinjecter dans ses œuvres. Ainsi, un motif de croix repéré sur la partie haute des colonnes intérieures de l’église Notre-Dame La Grande de Poitiers est reproduit sur l’ensemble d’une des salles d’expositions pour former une peinture murale abstraite et cinétique. Une autre salle reprend un camouflage de bateau de guerre américain de la seconde guerre mondiale. L’ensemble se déploie sur cinquante mètres de murs et compose une œuvre abstraite et géométrique. Ces deux exemples illustrent une stratégie récurrente de l’artiste qui opère par emprunts et glissements. La figure du monochrome se fait mouvement dans l’exposition. Une installation vidéo nous plonge dans une succession de recouvrements d’une surface (panneau de bois) par coulure de peinture qui nous emmène du blanc au noir en passant par le gris, esquissant trois monochromes parfaits. Nicolas Floc’h produit également un grand monochrome noir composé d’un tapis de danse soigneusement choisi pour les accidents et imperfections que son utilisation a produit. Ce dernier est recadré, découpé, contre-collé puis accroché au mur. Gestes, expression et dérision : Comment s’intéresser à la peinture sans évoquer la gestualité et l’expressionnisme? Nicolas Floc’h choisit d’emprunter un chemin de traverse en mettant en scène le geste. Trois vidéos déclinent avec humour et poésie cette approche. La première montre Rachid Ouramdane sous un filet de peinture qui lui recouvre progressivement les bras et les épaules. Il débute alors une chorégraphie baroque où il projette la peinture sur des toiles qui l’encadrent, le rythme s’accélère, les gestes se font amples et violents à la manière d’un Pollock « thaï master ». La seconde vidéo présente l’artiste en performance avec Alain Michard, l’un recouvert de peinture noire et l’autre de peinture blanche. De contacts en contacts, les personnages se grisent et offrent un tableau laissant apparaître toutes les subtilités du mélange de couleurs. La troisième vidéo met en scène avec humour l’artiste, recouvert de peinture, se lançant dans une course avant de s’écraser contre un mur. Enfin, le paroxysme expressif est atteint par une explosion de peinture qui recouvre entièrement une salle du sol au plafond. La composition aléatoire qui en résulte nous livre une peinture d’une violence expressive rare tout en excluant la main de l’artiste.