NICOLAS FLOC’H, LES VILLES IMMERGÉES MUSÉE DES BEAUX-ARTS DE CALAIS Du 04 juillet au 20 septembre 2015 Les villes Immergées, Structures productives, 19 récifs artificiels au 1/10, 2012-2015 La série, initié en 2010, a reçu le "soutien pour une recherche artistique" du CNAP. Il est mené en lien avec des chercheurs : Sylvain Pioch (Université de Montpellier 3), Philippe Lenfant (Université de Perpignan), Gérard Veron et Yves Hénocque (Ifremer), Francois Simard (IUCN), Sandrine Ruitton (M.I.O), Hideyuki Takahashi (NRIFE). le musée réunit pour la première fois, un ensemble conséquent des structures productives, repérées au Portugal, au Japon ou en Méditérannée. Aux images troublées et organiques en noir et blanc s’oppose la ligne claire des structures modulaires. Nettes et précises comme des objets scientifiques et harmonieuses et proportionnées comme un temple classique, les maquettes à la géométrie complexe incarnent tout autant atomes et molécules. Nicolas Floc’h réunit baroque et classicisme dans ce régime hétérogène des images, autant que l’archéologie et la fiction. De La Nouvelle Atlantide, écrit par Francis Bacon en 1627 à propos de l’utopie à 20 000 lieux sous les mers, de Jules Verne, publié en 1869, la cité engloutie de l’Atlantide est devenue plus qu’un mythe. En effet une entreprise japonaise souhaite réaliser une ville sous-marine appelée « Ocean Spiral » d’ici 2030. Là encore Les Villes immergées de Nicolas Floc’h témoignent d’une actualisation de l’intérêt des artistes pour le paysage naturel et son environnement direct. L’œuvre monumentale et entropique de Robert Smithson, Spiral Jetty, construite à coups de bulldozers mais détruite par l’érosion défiait déjà l’économie du marché de l’art, la visibilité de l’œuvre d’art et sa réception. Nicolas Floc’h semble aller plus loin dans la métaphore. Le récif, qu’il soit récréatif dans les fonds marins nord américains ou culturels (au sens biologique du terme) au Japon, est un paradigme de l’œuvre d’art héritier du ready made comme de l’objet manufacturé, scientifique mais aussi organique.
Structures productives, récifs artificiels, 2011-2014 série de 35 photographies de 110 x 137,5 cm, 80 x 100 cm et 40 x 50 cm, impression pigmentaire contrecollée sur Dibond Ces photographies sous marines en noir et blanc, vidéos et sculptures en béton ont été réalisées à partir des observations de l’artiste au Japon, au Portugal ou en France, au large de Nice, Marseille ou Etretat. Nicolas Floc'h plonge en apnée depuis de nombreuses années mais s'est mis à la plongée sous marine avec bouteille depuis 2010 pour mener à bien ce travail de prises de vues et de vidéos de récifs immergés entre - 20 et - 60 m de profondeur. Pour l’artiste, il s’agit avant tout d'un travail documentaire et de « mener une réflexion sur les formes et structures imaginées par les ingénieurs, en les regardant du point de vue du sculpteur et sans perdre de vue leur fonction biologique
l’Atomium, célèbre sculpture-architecture de Bruxelles. Imaginé par l’ingénieur André Waterkeyn, et construit par les architectes André et Jean Polak pour l’exposition universelle de 1958, il est une réplique d’une molécule de fer. Recouverte de coquilles de moules, La moule atomique ne cache pas ni son ancrage géographique, ni sa dérision. Nicolas Floc’h puise au sens propre comme au sens figuré ses ressources sur le territoire, connu pour sa production et sa consommation conchylicole. L’allusion au travail de Marcel Broodthaers, artiste belge, semble également évidente, lui qui choisissait la moule pour sa puissance d’évocation, du jeu de mot sur le moule du sculpteur aux effets colorés et irisant de la coquille. On retrouve d’ailleurs dans le titre « la moule atomique », l’esprit humoristique et ludique du surréalisme. La désacralisation, le collage, le décalage, l’association incongrue, l’accident, la provocation, le cliché, la dissimulation… autant de stratégies chères à ces artistes.
Nicolas Floc'h est un pêcheur. Depuis ses premières œuvres en 1994, il soumet ce système économique à ses expériences artistiques, qu'elles soient graphiques, sculpturales ou relationnelles. En 2008, il réunit en un même objet, deux monuments : la Tour Eiffel et le filet de pêche. Il ramollit la première, la fait vaciller, la fait voyager, la tend et la détend. Il se joue de son hypervisibilité en la plongeant sous l'eau. Symbole de la capitale française, du progrès technique et des expositions universelles, il la met au service d'autres causes, moins touristiques mais tout aussi "capitales".
matériaux de fabrication de câbles sous marins et éléments recyclables, dimensions variables Réalisées pendant sa résidence à Calais, Lover et Déconnexion traduisent l’intérêt de Nicolas Floc’h pour les réseaux et les flux. L’usine Alcatel-Lucent Submarine Networks (ASN) est spécialisée dans la fabrication des câbles sous marins en fibre optique. C’est une filiale d’Alcatel Lucent, un des trois grands groupes mondiaux, à relier les individus entre eux. En 1850 le premier câble est posé entre le cap Gris-Nez, à quelques kilomètres de Calais, et le cap Sutherland, en Angleterre. Huit ans plus tard, le premier câble transatlantique est installé entre l’Irlande et Terre Neuve. Aujourd'hui 99% du trafic intercontinental, données et téléphone, est transmis sous les océans. Lover et Déconnexion sont composés des éléments constituant les câbles: cuivre, acier, polyéthylène, filin polypropylène, bitume et fibre optique qu’ils protègent. Nicolas Floc’h met à plat la matérialité et déconstruit ce que l’on appelle, par un abus de langage, la dématérialisation. Il formalise les étapes de production/recyclage et notamment la dernière phase, celle du conditionnement. Les câbles sont en effet disposés au sol en cercles concentriques. Les lovers s’en chargent. Ils reproduiront cet exercice physique à bord du bateau dans les cuves de stockage en amplifiant le mouvement si particulier et si courant du marin qui enroule et installe ses cordes pour optimiser l’organisation fonctionnelle de l’espace. A la beauté du geste, tout en force et en courbes, s’ajoute la poésie frivole du langage née de l’homophonie entre le verbe «lover» en français et «l’amoureux» anglais… Lover existe sous différentes formes. C’est un film, une installation, un ensemble de sculptures, des performances. In fine, un protocole de monstration, un scénario, une partition. Dans la vidéo, Nicolas Floc’h suit la fabrication toute en rotation et continuité des câbles et filme les lovers jusque dans leurs immenses cuves de béton. Les sculptures polymorphes témoignent du déplacement perpétuel du volume des cordes et des câbles et se réinventent au gré des espaces qu’elles traversent. La performance met en scène de changement d’état et leur activation. La ville est ici celle des circulations, des flux et des échanges mais aussi celle des corps. L’urbanisme et l’architecture ne sont plus les seuls paradigmes de la ville. Se définirait elle désormais par ses seuls réseaux et corps en mouvement, tel les projets imaginés par les architectes critiques des années soixante?
maquette du projet de récif artificiel au 1/10, 2014 béton, fil nylon, perles, 80 x 203 x 33 cm. Produit par DEL'ART, Nice UN PROJET POUR LE SITE DE ROQUEBRUNE A l’occasion de son séjour à Nice, Nicolas Floc’h a conçu un projet pour le site de Roquebrune où se trouvent la tombe de Le Corbusier et l'une de ses constructions, modeste et ingénieuse, le Cabanon. En hommage au célèbre pionnier de l’architecture moderne, l’artiste envisage d’implanter en mer une structure productive inédite dont la forme serait celle du plan en élévation de la Cité radieuse. À une base en béton ou en acier seraient arrimés des cordages qui, lestés de flotteurs, s’étendraient pour matérialiser les arêtes des principaux volumes de ce bâtiment : un parallélépipède sur pilotis. C’est à la fois une œuvre qui relève de l’architecture filaire dont l’artiste a déjà fait l’expérience* et une structure productive qui propose aux poissons une véritable "unité d’habitation" d'une trentaine de mètres de long. Une maquette de ce projet (150 x 250 x 300 cm) est présente dans l’exposition.
Structures productives: Architectures, 2014. Photographies couleurs contrecollées sur dibond, 137,5 x 110cm chaque. Série photographique de maquettes d’études de filets de pêche, Ifremer-station de Lorient. (Projet développé et produit dans le cadre du programme de recherche « Géographie Variable », EESAB, 2014) Ces images s’inscrivent dans un ensemble de pièces nommé structures productives. Les structures productives sont des constructions qui peuvent être destinées à restaurer ou créer des écosystèmes comme c’est le cas pour la série des récifs artificiels. Ces architectures permettent la mise en place d’un processus naturels de croissance destiné à produire de la biomasse consommable et par la même à nourrir les hommes. Des oeuvres comme la Tour Pélagique ou Architectures représentent plutôt des systèmes de récolte, des structures de captation du vivant à des fins de consommation. La tour pélagique transposait échelle 1:1 une architecture/monument, symbole d’une industrialisation toute puissante, en un objet fonctionnel contemporain: un filet de pêche. La série Architectures montre des maquettes de filets servant à améliorer les techniques de capture, elles servent de modèles d’étude aux scientifiques. Photographiées, leur présence est surprenante. A la fois précieuses et délicates, ces structures se dressent, telles des architectures dans l’espace du studio. La transparence de la maille fine prend des allures de flèche gothique flamboyante ou de Sagrada Familia.
Vidéo 9mn. Production le Jardin des arts, Cap Calaisis/Le musée des beaux-arts de Calais, ASN (Alcatel-Lucent Submarine Networks) Calais Lover existe sous différentes formes. C’est un film, une installation, un ensemble de sculptures, des performances. In fine, un protocole de monstration, un scénario, une partition. Dans la vidéo, Nicolas Floc’h suit la fabrication toute en rotation et continuité des câbles et filme les lovers jusque dans leurs immenses cuves de béton. Les sculptures polymorphes témoignent du déplacement perpétuel du volume des cordes et des câbles et se réinventent au gré des espaces qu’elles traversent. La performance met en scène de changement d’état et leur activation.